ADDICTION : Parfois, il faut… arrêter de vouloir arrêter

° ° ° ADDICTION : Parfois, il faut… arrêter de vouloir arrêter

(Addiction ou obsession de l’arrêt — l’exemple de Monsieur B : pour qui l’obsession de l’arrêt débouche sur une impossibilité d’amorcer un travail véritable avec l’hypnose)

Je partage cette situation parce qu’il est important de dire aussi que tout le monde n’arrête pas une addiction en un claquement de doigts, même avec un accompagnement *sérieux* en hypnose.


Dans mon cabinet d’hypnose à Grenoble ou dans mon cabinet d'hypnose à Meylan, j’accompagne chaque semaine des personnes qui souhaitent arrêter une addiction, qu’il s’agisse d’un arrêt du tabac, d’un comportement compulsif ou d’une autre dépendance.
Il existe des séances où l’esprit s’ouvre… et d’autres où il lutte.
Et il est essentiel de parler aussi de ces séances-là, pour comprendre pourquoi parfois l’hypnose "pour arrêter une addiction" ne fonctionne pas - immédiatement.

Je vais raconter une situation réelle vécue récemment en cabinet à Grenoble.
Et je laisse volontairement un flou total sur la nature de l’addiction, par respect de la confidentialité — mais aussi parce que la substance n’a aucune importance dans ce mécanisme.
Ce dont il est question ici, c’est du cerveau, du stress, et de la prison intérieure qui peut se construit autour de l’idée d’arrêter.

 

°°° Quand l’arrêt devient une obsession

Certaines personnes viennent me voir à Grenoble ou Meylan pour arrêter quelque chose.
Une consommation, une habitude, un comportement.
Peu importe lequel : arrêt du tabac, arrêt du cannabis, arrêt de l’alcool…
Le mécanisme que je vais présenter reste le même dans toutes les addictions.

Ce que j’observe très très souvent, il n'y a pas de manque de volonté…
mais parfois une obsession de l’arrêt, tellement ancienne, tellement pesante, qu’elle devient elle-même la cause du blocage.

Dans ce cas précis, la personne répétait depuis des années :

« Il faut que j’arrête… demain j’arrête… il faut que j’arrête… »

Chaque soir avant de se coucher.
Chaque matin.
Et c'est ainsi tous les jours depuis... longtemps.

Depuis 10, 15, parfois 20 ans, il répète le même rituel mental…
et surtout, la même stratégie :
forcer, serrer les dents, se mettre la pression, essayer encore plus fort.
C’est ce que je vois parfois en séance d’hypnose pour arrêter de fumer à Grenoble, comme dans toutes les addictions.

Mais cette stratégie est la même…
et elle ne fonctionne pas.

Comme le dit un principe fondamental de la programmation neuro-linguistique (PNL) :

« Si ce que vous faites ne fonctionne pas… faites tout sauf la même chose. »

Or lui, comme beaucoup, continuait à refaire exactement ce qui échoue depuis des années :
encore plus de volonté, encore plus de force, encore plus de contrôle.

L’obsession est devenue une mécanique.
Une auto-hypnose négative, anxieuse et souffrante.
Une transe où la personne est tellement enfermée dans sa boucle intérieure qu’elle n’entend plus vraiment ce que je dis, même avec toute la présence, la précision et la douceur possibles.

Et comme toute son attention est capturée par l’obsession,
il devient extrêmement difficile de créer une alliance thérapeutique forte,
de faire équipe ensemble,
de s’accorder pour avancer vers son objectif — que ce soit un arrêt du tabac, la libération d’une dépendance émotionnelle, ou toute autre addiction.

Son espace intérieur est saturé :
il n’y a plus de place pour moi.
Plus de place pour l’hypnose.
Plus de place pour la nouveauté.


°°° Le cerveau ne change pas sous pression

Sous pression, le cerveau active l’axe HPA — le système biologique du stress.
Dans ce mode-là :

  • hypervigilance

  • tension

  • anticipation

  • contrôle excessif

  • fermeture de l’esprit

  • impossibilité de lâcher prise

Or, l’hypnose — que ce soit de l’hypnose pour addiction, de l’hypnose pour "arrêter" de fumer, ou de l’hypnose "contre" le stress — repose sur l’inverse :
une ouverture, une disponibilité intérieure, un accord profond entre conscience et inconscient.

Si tu ne laches pas ton fonctionnement habituel → pas d’hypnose.
Pas d’hypnose → pas de transformation rapide... et pas de transformation durable.

Ce n’est pas psychologique.
C’est biologique.


°°° Ce que j’ai observé en séance

Séance 1

Mental en surchauffe.
Pression maximale.
Aucune ouverture possible.

Comme quelqu’un qui s’apprête à un combat à mort.
Sauf qu’en l’occurrence… c’est un combat contre lui-même.
Mais aucun combat n’a jamais amené la paix.
Et c’est précisément cette réconciliation avec soi que l’on vise comme base du travail sur l’addiction.

Mes mots glissent.
Ils ne trouvent aucun espace où se poser.
Les prémices d’une alliance thérapeutique commencent à peine à se dessiner à ce stade.

Séance 2

Un début de glissement.
Léger, fragile, mais réel.
Un premier souffle d’hypnose peut se faire jour parce que, dans la première séance, il a pu lâcher un peu de culpabilité — il est prêt à lâcher un peu le combat.

Comme quelqu’un qui roule sur un vélo mais garde un pied crispé juste au-dessus du sol.

Séance 3

Malheureusement, après une séance manquée (il s’en veut d’avoir « raté le coche »)… tout le système intérieur se referme. Retour à l’ancien logiciel :

« Il faut que j’arrête, il faut que j’arrête, il faut que j’arrête… »

Un tambour intérieur.
Une incantation.
Une transe guerrière.

Et à la fin de la séance, la phrase qui résume tout — et qui, pour moi, ne laisse aucun doute sur l’issue de cette nouvelle étape de travail :

« Je vais me mettre encore plus la pression pour y arriver. »

C’est exactement ce qui bloque depuis 10 ou 20 ans.
La même stratégie, encore et encore :
forcer, se violenter, se juger, se menacer.

Ce n’est pas l’addiction qui empêche l’arrêt.
C’est la pression de l’arrêt.

Et il pourra se dire que « l’hypnose ne fonctionne pas sur lui », alors qu’en réalité : l’hypnose n’a jamais eu la place d’exister.


°°° Le mécanisme invisible : l’intention paradoxale

-  Plus on veut arrêter, plus l’addiction occupe le centre du cerveau.
-  Plus on force, plus la résistance augmente.
-  Plus on culpabilise, plus le système nerveux se ferme.
-  Moins le changement est possible.

C’est vrai pour l’arrêt du tabac, l’arrêt du cannabis, l’arrêt de l’alcool et toutes les autres addictions.
Mais, pour être juste, il est rare de rencontrer quelqu’un pris dans une mécanique obsessionnelle aussi poussée.

Maintenant, il s’agit d’amener l’idée — et de lui faire entendre — que le travail est ailleurs,
et qu’il est essentiel… qu’il m’entende.

Exactement comme vouloir s’endormir en forçant :
on crée les conditions inverses du sommeil.


°°° Le vrai travail, parfois :

… ce n’est pas d’arrêter

… mais d’arrêter d’arrêter.

Dans mon approche d’hypnose intégrale à Grenoble et Meylan, il s’agit toujours de commencer par une réconciliation.
Mais comment le faire entendre à quelqu’un qui vit dans une contrée en guerre (et en guerre contre lui-même) depuis si longtemps :

  • relâcher la pression,

  • faire cesser la lutte,

  • apaiser la culpabilité,

  • ouvrir l’espace intérieur,

  • recréer une alliance thérapeutique,

  • permettre à l’inconscient de respirer,

  • proposer une stratégie gagnante.

  • ET LAISSER FAIRE L'INCONSCIENT

Parce que tant que l’arrêt est une obsession,

on ne dépend plus de la substance :
on dépend de la lutte elle-même.


°°° Le changement arrive lorsque la pression tombe

Quand la personne réalise :

« Ce n’est pas l’habitude, ni la substance, qui me tient…
c’est la manière dont je me bats pour m’en débarrasser. »

Alors le changement devient possible.

Le corps se relâche.
Le mental s’apaise.
Le système nerveux s’ouvre.
L’inconscient respire.
Et l’hypnose devient un espace de transformation réelle pour sortir de l’addiction.

Et paradoxalement :

*** c’est en arrêtant d’arrêter qu’on finit par devenir libre définitivement.


°°° La liberté ne vient pas dans un combat.

Elle vient après le relâchement.

Elle arrive quand on fait enfin autre chose que ce qui échoue depuis 10 ou 20 ans.
Quand on cesse de répéter la même stratégie.
Quand on s’ouvre à une nouvelle façon d’être.

Parfois, pour se libérer d’une addiction…
il faut parfois : arrêter d’arrêter.

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